jeudi 4 avril 2013

Faut-il avoir peur de la capsule ? Mais non...


Ceux qui achèteront des bouteilles de notre nouvelle gamme de vins autrichiens découvriront avec surprise qu'elles sont obturées par des capsules à vis et non par des bouchons classiques. Dans l'esprit de beaucoup de Français, cela fait un peu bas-de-gamme, alors que ce n'est pas le cas à l'étranger où l'on prend plus à coeur les problèmes liés aux bouchons.

Je dis bien les problèmes, car il n'y a pas que les TCA (TriChloroAnisoles) qui donnent le fameux "goût de bouchon". Il existe aussi les TeCA (TetraChloroAnisoles) et les TBA (TriBromoAnisoles) qui apportent des goûts de moisi ou de carton mouillé. À cela s'ajoute des défauts moins odorants, mais perceptibles en bouche : des vins sont déstructurés, avec beaucoup de dureté en finale, alors qu'ils ne l'étaient pas avant la mise (Didier Michaud de Planquette avait eu ce problème avec un lot de bouchons sur son millésime 2004). Le pire, dans ce cas-là, c'est que l'on ne soupçonne pas que le problème puisse venir du bouchon, car ça ne sent pas le "bouchon".

Et puis, le bouchon en liège est d'une certaine constance dans l'irrégularité. Si vous prenez deux bouteilles issues de la même caisse (conservées au même endroit) au bout de 5 ans, et que vous les ouvrez en même temps, il est très peu probable que les vins contenus aient évolué de la même façon. Car chaque bouchon  est légèrement différent d'un autre, avec une perméabilité plus ou moins importante. Certainement minime, mais au bout de plusieurs années, cela devient perceptible.

Ces différences sont certainement plus flagrantes dans les vins blancs, car un très léger défaut du bouchon fait de suite perdre la netteté, la pureté originelle que recherche le producteur. Cela explique certainement pourquoi ce sont les Alsaciens ou les Chablisiens qui se sont orientés en premier vers la capsule. Jacky Barthelmé du domaine Albert Mann explique parfaitement ICI pourquoi il a fait le choix de la capsule à partir de 2004.  Vous pouvez lire aussi cet article du magazine VITI de mars 2013.



Ce que beaucoup objectent à la capsule, c'est sa non-perméabilité à l'air. En fait, il y a moyen de la calibrer exactement à l'aide du joint. C'est le vigneron qui décide de son taux de perméabilité (alors qu'avec un bouchon en liège, c'est pour l'instant très aléatoire).



Le Château Margaux fait des essais en la matière depuis 2003. Une partie de son second vin, Pavillon rouge, est déjà bouché avec des capsules (ceux qui partent par ex. vers l'Australie ou la Nouvelle-Zélande). Et il fait aussi des essais sur son premier vin. L'année dernière, Paul Pontallier avait organisé une dégustation comparative à l'aveugle à Londres avec les différents système de bouchage. La capsule avait été préférée au bouchon sur le Margaux 2003 (par contre, la version "liège" du Pavillon blanc avait eu la majorité des suffages).

Bon, dieu merci, la plupart des vins bouchés au liège sont irréprochables. Certains vignerons ont même fait le choix du bouchon Diam qui garantit l'absence de TCA/TBA. C'est le cas de Laherte ou de Jean-Louis Denois.


Mais voilà, je tenais à vous dire dans ce petit article que la capsule, ce n'était pas le diable. Au contraire, elle témoigne de la volonté du producteur de garantir à ses clients une qualité constante. Je signale d'ailleurs que nous achetons, dès que cela est possible, la version "capsulée" de la cuvée Traminer de Stéphane Tissot.


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